Les non-francophones à l’épreuve du Covid-19
Traductrice à Civray, Eloisa Simon Do Santos Thomas apporte une aide précieuse à des non-francophones confrontés à la crise, voire au virus.
Eloisa Simon Do Santos Thomas est la créatrice et la directrice d’un cabinet de traducteur à Civray. Elle pratique l’anglais, le portugais et l’espagnol. D’origine brésilienne, elle est assermentée en portugais, l’anglais va suivre. Pendant ce confinement, son cabinet est ouvert en télétravail. Si le volet « traductrice et interprète » est en perte de vitesse, par contre le volet « assistante administrative et commerciale auprès des particuliers et des entreprises » continue grâce à son carnet de clients bien rempli. Elle effectue les démarches administratives (titre de séjour, permis…) pour les non-francophones et notamment la communauté anglaise.
« Il y a tant de différences administratives »
Ce travail d’une extrême variété lui demande une grande souplesse de fonctionnement: elle est capable, grâce au réseau de professionnels qu’elle s’est construit, d’offrir de solides expertises dont profitent ses clients. « J’ai hâte de rouvrir physiquement mon cabinet car la relation de confiance client/prestataire est capitale. Tout ne peut pas se faire par vidéo, les données que contiennent les dossiers doivent impérativement être sécurisées » Les Britanniques ont besoin de ses services: « il y a tant de différences entre les deux administrations, et actuellement les artisans britanniques indépendants sont un peu désorientés. »
Que pensent ses clients britanniques de la situation actuelle? David raconte: « Nan a été transporté à l’hôpital de Poitiers avec le virus. Des trois médecins qui sont venus et l’ont hospitalisé, personne n’aurait pu être plus professionnel et plus attentionné qu’eux… »
« Dieu merci, nous vivons en France »
Il poursuit: « Je n’ai pas du tout travaillé depuis le confinement mais je suis totalement d’accord avec ce qui a été décidé par le gouvernement. Dieu merci, nous vivons en France. »
Lindsay a eu besoin d’être testée: « Tout a été réglé en 24h, nous avons eu les résultats en 48h… Quelle efficacité! »
Candy ne peut plus travailler, elle donne assistance aux personnes âgées. Par ailleurs elle se dit « stupéfaite de l’ignorance de certaines personnes qui ne comprennent pas la gravité du virus. » Elle salue les mairies qui aident les résidents vulnérables mais déplore que « d’autres n’ont rien fait et ont laissé les personnes vulnérables livrées à elles-mêmes. »
Contaminée à son retour en France
Penney raconte ses galères: son mari est décédé à l’hôpital de Poitiers le 14 janvier. Après ses funérailles, elle a prévenu les services compétents. Elle repart au Royaume-Uni pour ses papiers, rentre le 8 mars mais le 11, elle découvre qu’elle est contaminée par le virus. Après sa quarantaine, tous les services administratifs sont fermés. « J’ai 74 ans et je vais bien maintenant, mais le virus ne va disparaître pour autant. Je souhaite que les services qui ont été inactifs prennent maintenant en compte les situations difficiles. »
Eloisa sait qu’après le Covid-19, il va falloir s’attaquer au Brexit : pour les ressortissants britanniques, la galère administrative n’est pas terminée.
Article et photo de Bernard Chevalier paru dans Centre Presse et La Nouvelle République le 2 mai 2020